En 1999, Sverrir Olafsson invitait à Straumur la peintre Valérie Boyce, qui restera trois mois dans cette résidence d’artistes près d’Hafnarfjörður.
Peintre de paysages, diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Valérie Boyce peint son enfance dans le Vexin, mosaïque très ancienne de paysages façonnés par l’histoire. Tout le contraire de l’Islande que Valérie Boyce découvre à l’âge de 13 ans dans les années 70 et qui lui laisse l’impression très forte d’avoir atterri sur la lune ! Ensuite, Ásdís Dan Þórisdóttir, sa jeune belle-sœur, lui fera découvrir son pays.
« L’Islande est l’un des derniers territoires sauvages d’Europe, en relation directe avec le cosmos ! Un paysage d’avant l’histoire et de science-fiction ! Un pays toit du monde, toujours en mouvement, se recréant dans la lave, les secousses et le vent. Ce pays symbolise cette instabilité et la fragilité de notre société contemporaine. » Lors d’une exposition personnelle de son travail à Hafnarborg, l’épouse de l’ambassadeur de France lui dit que ce qui lui manquera le plus de l’Islande sera de ne plus voir les petits enfants avec leurs drôles de bonnets ! Cette réflexion a mené en 2016 à un tableau où des enfants à Reykjavik sous la pluie et le vent, symbolisent l’infinie fragilité de la condition humaine et sa résilience. « La contemporanéité du pays dans l’art est aussi due à la technologie, si présente dans les installations, les vidéos des artistes actuels. Cette technologie a rendu l’Islande accessible sur tout son territoire, en a fait un espace vivable. »
En Avril 2019, Valérie Boyce est venue donner deux conférences sur l’importance du paysage islandais dans la peinture contemporaine, à la maison des Artistes SIM à Reykjavik et à la “Culture House” d’Isafjörður. Elle a d’abord cité Antoine de Saint-Exupéry : “On est de son enfance comme on est d’un pays”. Elle a souligné le fait que le passé commun des Islandais ne s’effaçait pas, hantait inconsciemment les descendants de cette poignée d’humains courageux, accrochés à cette terre âpre et violente.
Son récent voyage dans les Fjords du Nord-Ouest lui a permis de découvrir cette Islande originelle, d’entendre parler chez ses amis de héros familiaux, de montagnes menaçantes, de poèmes écrits dans la solitude de l’hiver, d’avoir à l’esprit les fantômes qui habitent ces lieux et qui sont partie prenante pour elle de nouvelles recherches plastiques.
Pour Valérie Boyce, peindre le paysage est comme faire son autoportrait. On y insuffle ses états d’âme, sa culture personnelle, son histoire, sa philosophie, rejoignant ainsi l’esprit des lettrés de la peinture chinoise classique qu’elle affectionne particulièrement.
Pour l´artiste, l’Islande renvoie aux préoccupations philosophiques contemporaines et c’est une constante chez les peintres de paysage à travers les âges de dépeindre un paysage, miroir des aspirations contemporaines.